Spondylolisthésis dégénératif
Il s’agit du glissement en avant d’une vertèbre par rapport à celle du dessous. A la différence du spondylolisthésis isthmique, il n’est pas la conséquence d’une fracture mais d’une faillite discale et de la modification de l’orientation des articulaires postérieurs qui permet facilement le glissement.
Il est fréquent chez la femme dans la période péri-ménopausique. Il affecte la région lombaire et surtout l’étage L4-L5, plus rarement L3-L4, exceptionnellement L5-S1. Il peut parfois être étagé (rachis en cascade).
Spondylolisthésis dégénératif L4 L5
Rétrécissement du canal rachidien
Les notions actuelles de biomécanique considèrent que ces spondylolisthésis dégénératifs surviennent sur certains types de rachis, analysés grâce aux paramètres lombo-pelviens.
Il peut également s’intégrer dans une pathologie régionale lombaire plus complexe associant scoliose ou cyphose lombaire.
Conséquence
C’est la réduction du canal rachidien ( canal lombaire étroit) et donc la possibilité de compression des nerfs qui émergent de la queue de cheval.
Symptômes
Ce sont des douleurs lombaires qui s’aggravent souvent en position debout, des douleurs des membres inférieurs comme des sciatiques ou des cruralgies ou éventuellement une faiblesse à la marche (claudication neurogène) avec limitation du périmètre.
Diagnostic
Il se fait avec des radiographies prises debout. En effet ces spondylolisthésis peuvent être instables et se réduisent en position couchée. C’est la raison pour laquelle les radiographies doivent être impérativement faites debout pour démasquer ces spondylolisthésis.
L’IRM et le scanner sous-estiment également la situation puisque ce sont des examens qui sont réalisés en position allongée mais ces deux examens permettent l’analyse du contenu du canal et confirment souvent l’étroitesse canalaire.
Dévoilement d’un spondylolisthésis en position debout
Traitement
Il est dans un premier temps médicamenteux avec des anti-inflammatoires et des antalgiques, il peut être infiltratif effectué par un radiologue sous contrôle radiologique ou mieux sous contrôle scannographique. Ces infiltrations peuvent avoir lieu au niveau des articulaires postérieures ou intra-canalaire comme une injection péridurale et permettent d’amener un anti inflammatoire cortisoné au niveau de la compression nerveuse et donc de soulager le patient.
La kinésithérapie est à un appoint à type de renforcement musculaire et de soulagement mais n’a pas d’effet sur la réduction du glissement.
Un corset peut être mis en place également pour soulager l’instabilité vertébrale mais là aussi ce n’est que palliatif.
La chirurgie n’est jamais systématique car les découvertes radiologiques sont très fréquentes chez des patients parfaitement bien portants. Elle n’est indiquée qu’en cas de douleurs persistantes résistant au traitement énoncé ci-dessus ou en cas de complications neurologiques.
En cas de chirurgie, la libération simple du canal n’est pas indiquée. Actuellement le consensus est général (SOFCOT 2016, GUIGUI), la fusion est indiquée. Il s’agit d’une arthrodèse qui est généralement effectuée par voie postérieure de type inter-somatique, plus rarement par voie antérieure.
Spondylolisthésis dégénératif L4 L5
Rétrécissement du canal rachidien
Correction par arthrodèse postèrieure
Spondylolisthésis isthmiques
Il s’agit d’un glissement en avant d’une vertèbre par rapport à celle du dessous suite à une fracture d’une région de la vertèbre, « l’isthme ».
Pathologie fréquente de la colonne vertébrale. C’est une conséquence directe de la position bipède.
En effet, cette position acquise depuis quelques millions d’années nécessite la constitution de courbures de la colonne vertébrale, la lordose lombaire et la cyphose thoracique, ces courbures s’équilibrent mutuellement et permettent la station debout la plus économique possible. La région lombaire basse, en particulier au niveau de la 5ème lombaire, est soumise à des contraintes de cisaillement importantes se focalisant à une partie de la vertèbre qui s’appelle l’isthme et qui est la jonction entre l’articulaire supérieure et inférieure.
Ces contraintes de cisaillement peuvent aboutir au moment de la puberté, c’est-à-dire lors de la croissance rapide de la colonne vertébrale à des fractures de fatigue souvent indolores et affectant en général 2 à 5 % de la population. Un pourcentage plus important est retrouvé chez les gymnastes ou les danseurs.
Cette rupture de l’isthme s’appelle la lyse isthmique ou isthmolyse. En général elle ne consolide pas ou si elle consolide elle peut cicatriser en allongement et on parle à ce moment là de dysplasie isthmique.
Il s’agit donc d’une lésion qui n’existe pas à la naissance et qui n’est pas d’origine traumatique. Cette fracture est à concevoir comme une recherche de nouvel équilibre au niveau de la région lombaire pour maintenir la position la plus économique possible de la station debout.
Plusieurs grades (Mayerding) peuvent être décrits en fonction de l’importance du glissement. La grande majorité des glissements sont Mayerding I, c’est-à-dire inférieur à 25 %. Les glissements complets sont exceptionnels mais non dénués de complications neurologiques (spondyloptose).
Si l’équilibre est atteint après la fracture isthmique les choses peuvent en rester là, si les contraintes de cisaillement continuent à s’exercer la vertèbre peut glisser en avant et il s’agit à ce moment-là d’un spondylolisthésis isthmique.
Spondylolisthésis grade 1
Spondylolisthésis grade 3
Spondylolisthésis grade 2 Debout – Couché
Spondylolisthésis grade 4
Quels sont les signes de cette pathologie ?
Il faut souligner que la très grande majorité de ces patients est asymptomatique et le reste tout au long de la vie. Il peut s’agir d’une découverte fortuite lors d’un examen radiologique effectué pour tout autre chose. La fracture ne consolide pas, ne fait pas mal, le glissement généralement est stable, la pratique sportive est tout à fait possible sans aucune contre-indication.
Dans ces cas-là, l’intervention chirurgicale n’est jamais proposée.
Chez le jeune adolescent les douleurs lombaires peuvent survenir à l’occasion de la rupture de l’isthme. Ceci peut être visible à la radio, au scanner, à l’IRM ou éventuellement par une scintigraphie osseuse. En cas de lombalgies très importantes on peut mettre en place un corset. Chez l’adolescent en croissance il peut être utile de faire un contrôle régulier radiologique jusqu’à la fin de la croissance vertébrale (Risser 5).
Chez l’adulte, les problèmes peuvent se manifester vers l’âge de 40-45 ans car le disque normalement prévu pour travailler en compression au niveau du glissement va désormais travailler en cisaillement et va s’altérer beaucoup plus vite que le standard de la population.
Dans ces conditions-là le glissement peut s’aggraver ce qui est rare mais c’est surtout l’affaissement discal qui va être source soit de lombalgies, soit d’irritation du nerf coincé dans le trou de conjugaison qui perd sa hauteur (sténose foraminale).
Isthmolyse L5 -Patiente de 53 ans
Discopathies L4-L5-S1
Quels sont les traitements à envisager?
Chez l’enfant asymptomatique aucun traitement n’est à proposer si ce n’est une surveillance régulière quand le glissement est faible (Mayerding I, II).
Chez l’adulte asymptomatique où la découverte du spondylolisthésis est fortuite il n’y a rien à envisager, aucune limitation particulière des activités ne doit être proposée. Dans le cas de douleurs il faut d’abord envisager le traitement médical, kinésithérapique voire infiltratif ou mise en place d’un corset lombaire (lombostat).
En cas de douleurs importantes résistantes depuis plusieurs mois au traitement médical ou en cas d’aggravation du glissement, on peut envisager une solution chirurgicale type arthrodèse. En effet, les prothèses discales sont contre indiquées dans le cadre d’un spondylolisthésis. L’arthrodèse peut être réalisée suivant l’habitude de l’opérateur soit par voie antérieure, soit par voie postérieure, soit par voie combinée. Elle peut consister en la fixation en place (in situ) du glissement, soit comprendre une réduction complète de celui-ci, la stratégie opératoire dépendant de l’étude des paramètres lombo-pelviens.
Double spondylolisthésis pré et post opératoire
Patient opéré à l’étranger
Échec de chirurgie avec
aggravation du glissement
Reprise chirurgicale
Correction du glissement
Rééquilibration de profil
Spondylolisthesis stade IV – Réduction complète par voie postérieure
Pour plus de renseignements concernant les techniques chirurgicales et les risques opératoires, veuillez consulter les fiches d’informations spécifiques de la Société Française de Chirurgie Rachidienne